DES SECRETS BIEN GARDÉS
L’Hermitière - 1
La Fontaine aux Anglais est le nom donné à l’Hermitière à la fin du moyen-âge. Située en fond de vallon sur la commune de Saint Vincent du Lorouër, cette parcelle de vieux bois est régénérée vers 1807. Cette date est intéressante pour l’histoire des lieux qui nous est narrée par Pesche (1), en 1834 la parcelle de 27 ans semble alors baignée de lumière, car le peuplement est du type gaulis : 6 m de haut.
En 1834,
une entrevue qui eut lieu, sous le motif d’une partie de chasse, entre le Préfet de la Sarthe et le Sous-préfet de St.Calais, à l’entrée de la Forêt de Bersay, près le vieux château des Etangs L’Archevêque, ayant donné lieu, aux ouvriers de la Forêt, de faire quelques dispositions, telle que la construction d’une cabane en mousse et en feuillage etc.…. Pour recevoir ces deux Magistrats, la Musique de la Garde nationale de Château-du-Loir et un bon nombre de chasseurs et de curieux se rendirent sur ce point.
La beauté du lieu, son site pittoresque, l’agrément que procura cette réunion, ont donné l’idée de la renouveler périodiquement : chaque année, l’affluence de personnes de toutes les classes, des deux départements, de la Sarthe et de l’Indre et Loire y accourt d’une assez grande distance et s’élève jusqu’à 8 et 10 mille âmes. On y mange assis sur la pelouse et sous le feuillage de la Forêt, près de la Fontaine de l’Hermitière, aux eaux limpides, qui sert à abreuver les chevaux des nombreux équipages qui s’y rencontrent ; des musiciens des villes environnantes, de Château du Loir, de la Chartre, de Saint-Christophe, de Tours même , y font danser , de sorte que cette réunion est devenue la plus brillante assemblée du Pays, un véritable Longchamp.
### Références :
(1) Julien Remy Pesche : Dictionnaire topographique,
historique et statistique du Département de la Sarthe (1829 – 1842)
en 6 volumes, pages 652 – 653

La côte de l’Hermitière

L’arrivée aux sources

La route de la Jument Blanche

Arrivée aux Sources
De 1860 à 1965
il y a bals populaires tous les dimanches aux sources.

L’attraction danse
Dès les premières cartes postales :

Déjeuner aux sources en 1904

Les sources en 1908

Aux sources en 1910

La table creusée à même le sol -1911
En 1920
Le Tourisme reste très développé à l’Hermitière et les promeneurs arrivent de partout avec leurs vélos, leurs automobiles et leurs calèches.

Petite vendeuse de drapeaux à l’Hermitière
Sur place, ces dernières sont dételées de leurs chevaux (en général 1 par véhicule)
et ceux-ci sont attachés à des poteaux en bordure de ruisseau,
afin qu’ils puissent s’y désaltérer (Les chevaux ont en effet cette
fâcheuse manie de grignoter l’écorce des arbres, après lesquels ils sont attachés).
Le garde Benoît, le 28 mai 1922 (dimanche de Pentecôte) nous relate sa journée :
Visité les abords des Sources de l’Hermitière, pour prévenir les promeneurs de (respecter : mot rayé dans le texte) ne pas toucher aux arbres et d’attacher leurs chevaux aux endroits désignés.

A cheval jusqu’aux sources
Thérèse Common née Bignon de Pruillé se souvient :
Des tables étaient creusées à même le sol,
dont les bancs étaient en fait une tranchée
ovale ou circulaire, permettant la position
assise. Elles ci se situaient à proximité
des sources, en hauteur, pour jouir au maximum
du spectacle des autres et de la fraîcheur du coin.
Après guerre, la fréquentation a décliné –
A l’Hermitière on allait à travers la forêt
sauf quand on avait un vélo.
Les gens venaient de très loin en calèche
ou à vélo pour s’amuser et se distraire.

Un tourisme respectueux des lieux

La table la plus proche des sources

arrivée en calèche

En vélo ou en voiture
Pancarte que l’on pouvait voir aux sources pour attirer l’attention des touristes sur la propreté du ruisseau et des sources.

Conseils au visiteurs
Les plans d’eau servaient de lavoirs qui étaient régulièrement utilisés par les habitants de Jupilles et de Saint-Vincent (voir la page dédiée aux lavoirs) Les enfants fréquentaient avec assiduité les sources.

1926 - La garderie du Mans aux sources

L’attraction des Sources
1934
L’union cyclotouriste de Touraine dans son bulletin officiel nous relate le 1er octobre 1934, sa journée cycliste en forêt de Bercé. (Archives Gallica)

Les cyclistes à l'Hermitière
1936 :
• On chante « A l’Hermitière », chanson écrite par Jean Jousse en 1936. à rechercher par vous-même … les paroles de cette chanson.

Chez Bignon
Des promeneurs, il y en avait beaucoup à l’Hermitière et la surveillance des gardes exercée sur les abords des sources, la route de Chahaignes et les endroits les plus fréquentés par les visiteurs et les touristes, n’était pas un vain mot.
Les infrastructures de l’Hermitière n’ont jamais pu, sans conteste accueillir favorablement les 1500 à 3000 véhicules, malgré les travaux d’abaissement des accotements, d’extraction de souches, d’élargissement de la chaussée, et la réfection des ponts entreprise dès avril 1925.
L’indiscipline du touriste, est à l’époque manifeste et excessive.
1937
Le garde Volard le dimanche 9 mai relate :
Avons prié quelques visiteurs de ramasser papiers gras et peaux d’oranges et de les déposer dans la fosse à détritus.

Les enfants dans leur élément
Il est vrai qu’écologie et respect de l’environnement n’ont pas encore droit de cité, et la fosse à ordures, creusée à même le sol, réservera aux archéologues du futur, quelques thèmes peu ordinaires d’études.
Après guerre, la parcelle « 203 » est classée en série artistique (Touristique 3) de même que le Chêne Boppe (T1), les Pressenteries (T2), Les cabanes du Mai (T4), la fontaine de la Coudre (T5).

Les plans d’eau
La délimitation de cette partie artistique aux confins de la Boulaie, la croix Chambault, la Gaie Mariée est réalisée en Brigade du 9 au 23 novembre 1946. Elle comprend, tout le fond de la vallée de l’Hermitière.
Que de monde à l’Hermitière !
1958
Le 15 août : comptage de 1500 voitures à l’Hermitière.
-
Jusque vers 1960 c’est trois parquets que nous pouvions pratiquer :
Un, au bord de l’Étang,
un au milieu des sources,
un au bord de la route vers Jupilles.*

juin 1911
Les cafetiers désaltéraient les couples de danseurs.
Ces bals champêtres sont aujourd’hui le point de départ et la base de bien des familles du Canton.

L'harmonie posant devant le café Bignon
Pendant la guerre, le bal se fait un peu oublier renaissant avec Thévenot. Mais le point d’orgue de la fréquentation touristique, c’est la fête du 15 août organisée par le comité des fêtes de Saint Vincent du Lorouër jusque dans les années 60. (Thérèse Common née Bignon)
1961
Le dimanche 25 juin : 1500 voitures recensées et le 15 août 1962, comptage de 3000 voitures !!! (Environ….). En brigade, les forestiers prennent les mensurations des emplacements pour les voitures aux Sources.
Quelques ouvriers travaillaient le samedi, tels Leroux et Chevereau qui fermaient les barrières. Émile Herpin de rajouter en voisin fin connaisseur :
Les petits plaisirs de certains le dimanche : c’était les amoureux en forêt.. On n’était pas plus bêtes que d’autres, on savait ce qu’on avait entre les jambes et à quoi cela servait.
Mais où ces véhicules pouvaient-ils bien se garer ? Partout, le long des routes, et dans le bois, là où c’était possible.
Malgré, la pose de plaquettes d’interdiction de stationner dans les allées aux alentours des Sources, et la pose de tracts sur les voitures à l’intérieur du Massif, les véhicules squattent la moindre place disponible.
Les jours d’affluence (15 Août et autres fêtes) le service forestier sollicite la présence de la Brigade de Gendarmerie du Grand Lucé. Les jours d’affluence des visiteurs, il est fabriqué et posé des pancartes «Sens obligatoire et Circulation réglementée». Malgré les panneaux «Interdiction de pénétrer dans le Massif», on n’arrive à peine à canaliser le flux incessant des véhicules.
Ainsi en est-on rendu à des situations extrêmes, comme par exemple : un forestier aidé de trois gendarmes pour endiguer cette invasion en 1964, de 10h à 20h.
Le Théâtre de verdure :
Autre centre d’intérêt ou d’attraction, situé dans le fin haut de cette vallée de l’Hermitière, sur la commune de Jupilles, au lieu-dit l’Enfumeraie, canton de Croix-Chambault, au confluent de trois ruisseaux qui gonflent en cet endroit en cas de pluie, dont le ruisseau des Haies :
«C’est le Théâtre de Verdure».
Etabli en ce lieu dégagé, profitant d’une ancienne carrière d’extraction de matériaux et d’un cirque naturel, le théâtre de verdure est situé à la limite des Parcelles 188 et 203 dans la parcelle 203.
C’est en ce lieu que poussent actuellement les plus hauts chênes connus de France (50m).
Des représentations y étaient données régulièrement l’après-midi sous l’œil vigilant des Forestiers, comme en témoigne les surveillances en cet endroit du samedi 27 mai 1923, dimanche 24 août 1924, mercredi 19 juillet 1925 (lors de la fête de l’Hermitière) et du dimanche 20 juin 1926.
Les groupes qui venaient au Théatre de verdure empruntaient le tramway puis la voiture aménagée à partir de Jupilles.

Arrivée à l’ Hermitière
Les acteurs reprendront ce nom de « L’Enfumeraie » pour leur salle de spectacle au Mans.

spectacle du 15 août 1926

Le puits des années 1960

Celui des années 1980 croqué par Makyo
Autres articles sur l’Hermitière :
L’Hermitière - concessions (suite)
Bibliographie :
Revue Au Fil du Temps N° 28 de 03 – 2006 - Pages 11 à 12 (Y. Gouchet)