DES SECRETS BIEN GARDÉS
Les auxiliaires forestiers
Cheville ouvrière de la forêt, celle-ci ne peut pas se passer d’eux. Si l’officier en est l’architecte, le préposé …Le maître d’œuvre, l’ouvrier en est le maçon. Cette forêt que l’on dit naturelle est un pur produit de l’homme et sans celui-ci elle aurait tôt fait de redevenir hostile. Ces ouvriers, ces « sans-grade », sont sans aucun doute les plus méritants des forestiers et pourtant les moins bien rémunérés.
1860
Quantité de monde travaillait en forêt autrefois, outre les cessionnaires et concessionnaires de menus produits, il y avait sans compter les ouvriers des coupes et les bûcherons, nombre de cantonniers journaliers, auxiliaires de travaux forestiers ou employés en pépinières.
Les ouvriers employés par l’administration des forêts, étaient le plus souvent des journaliers, conservant cet emploi durant la saison creuse de leur exploitation agricole. Bien souvent, la petite métairie ne fournissait pas de quoi nourrir toutes les bouches de la maison. Et puis en ce temps là, on ne parlait pas encore des loisirs et l’on se tenait toujours occupé.
La forêt de Bercé fut donc pour tout un monde et avant tout, un espace nourricier.
Certains cessionnaires de menus produits, préféraient régler leur dû en journée de travail, plutôt qu’en numéraire, on les appelait les prestataires.
D’autres, employés à la semaine ou à la quinzaine, étaient qualifiés de journaliers. Ces personnes étaient payées à la fin des travaux, et régulièrement en début de mois, en numéraire, sur l’argent de la " caisse des concessionnaires “. Les comptes étaient arrêtés à la quinzaine. La paie des ouvriers pouvait aussi être soldée en fin de mois, tel celle d’Hubert JOLY, qui nous relate le 29 juillet 1863 :
Rendez-vous à Laillé à sept heures du matin, pour la paie des ouvriers ayant travaillé aux écobues dans le canton des Boistardières » (Paye sous le contrôle avisé du garde général) « La mise à feu de cet écobue avait eu lieu le 3 juillet »
L’écobuage, qui n’est plus pratiqué de nos jours, est une vieille méthode sylvicole, qui consiste à brûler les souches et les racines des bois abattus, à les réduire en cendre et enterrer celle ci afin d’y semer une culture relais permettant ensuite la réimplantation des graines forestières. Les écobues qui étaient le fait des prestataires ou des journaliers, furent en vogue jusqu’à l’entrée dans le XXe.
1880 :
Le prix de journée : varie suivant le sexe de l’ouvrier.
Quelques exemples de prix de journée : Fauchage de joncs H: 2,50 f / jour F: 2 f / jour - Extraction à la main de Bruyère H : 2 f / jour - Crochetage H: 2 f / jour - F: 1,50 f / jour - Ramassage des cimes de pins (travail de femme) F : 1,50 f / jour… Il passe en 1881 à : Élagage et fabrication de produits 6 f / jour.
Il fallait une bonne dose de rigueur pour comptabiliser tout ce monde au travail en forêt.
20ème siècle
En 1900 l’écobuage n’est plus de mise sur Bercé. De grands travaux routiers s’annoncent. Nos auxiliaires ressemblent plus à des cantonniers : balayage, extraction de ronces route de la Martinière en 1908. Les ouvriers étaient payés de leur journée par l’administration et travaillaient parfois dans le cadre de charges imposées aux marchands de bois. Comme le précise cette instruction datée du 10 mars 1866 de M. l’inspecteur : « Il est expressément défendu aux préposés de toucher de l’argent pour le remettre à l’ouvrier qui a fait des journées de travail pour le compte d’un concessionnaire de menus produits ». Bien des ouvriers étaient plus connus par leur surnom : Tels : VIPERE AU POING, NEZ DE CHAT, P’TIT CHOUX, GARS ROUX, P’TIT BOULAY, POLYTE, GRAND PICHET, COU TORS, GUÎMIER PÉTÉ, NANARD, de GAULLE, etc….. En 1920 l’âge légal de retraite des ouvriers est de 60 ans, mais ils peuvent demander un ajournement à 65 ans. Les ouvriers chargés des travaux imposés sur les coupes et payés par les adjudicataires, ne sont pas considérés comme salariés de l’État. Même chose pour les travaux exécutés par les concessionnaires de menus produits ou travaillant à leur compte : à l’époque le temps de travail est 10 h/ jour.
Les auxiliaires forestiers
deviennent dans la seconde partie du 20ème, de véritables ouvriers forestiers
Depuis les années 1950, et l’arrivée sur le massif de forestiers novateurs comme LORNE et CALVEL, les anciens cantonniers ou carriers sont redevenus des sylviculteurs.
« Il y a plus à faire en forêt que sur les routes!».
Autres articles concernant les personnels forestiers :
Les travailleurs du 19ème siècle
Bibliographie :
Bercé, une forêt d’exception (Y. Gouchet - 2018)