Le vent

Le plus grand fléau de la forêt, est avec le feu, la conjugaison du vent et de la pluie. Une forte rafale de vent sur un sol détrempé et c’est la catastrophe assurée. Sur Bercé, au fil du temps, de grandes “ventouses” (gros coups de vent brisant les arbres) ont imprimé sur le sol, leur passage.

Les dérèglements climatiques en accroissent de nos jours la fréquence. Combien d’arbres vénérables se retrouvent ainsi couchés à terre, comme terrassés par un tremblement de terre.

La liste des années à chablis (arbres tombés à terre) et volis (arbres dont les houppiers sont cassés) est longue :

1857, 1866, 1868 :

5 à 10 chablis (arbres tombés) par canton.

Novembre 1875 :

plus de 500 chablis sur le triage à Heintz.

27 janvier 1881 :

«La tempête a renversé plusieurs chablis et enlevé plusieurs ardoises sur le poste des Clos», idem en 1886.

Février 1900 :

Après des gelées et une pluie abondante en février, dans la nuit du 13 au 14, survint un ouragan.

Cyclone en forêt

A M. d’Estournelles de Constant Député de la Sarthe.

Par l’un des souriants dimanches Ou l’on respire le printemps, Où les gais oiseaux concertants Gazouillent, volant par les branches, Tout à coup, enflammant les airs, Voici la foudre et les éclairs Sans arrêt sillonnant l’espace : C’est le noir cyclone qui passe !

On croit sentir trembler la terre Et le vent souffle en tourbillon, Traçant un effrayant sillon. Semblant vomis par un cratère, Les plus gros chênes, les aînés, Volent dans l’air, déracinés ; La tempête à rien ne fait grâce : C’est le noir cyclone qui passe !

Parmi les hôtes séculaires De notre forêt de Bercé, Le cataclysme a renversé Des arbres aimés, populaires, Et la nature en sa fureur A partout jeté la terreur, Sur les buissons faisant main basse : C’est le noir cyclone qui passe !

Fernand de Jupilles-Échos de ma forêt, gallica-Bnf

1907 :

«Remplacé 300 ardoises aux Clos après le coup de chablis du printemps.»

1911, 1930 :

…et le 24 septembre 1932 des chablis encore par centaines : «Suite à l’ouragan fais débarrasser un chablis obstruant la ligne du tramway.»

1938 :

le sol est saturé d’eau et la forte tempête du nord-ouest des 29 et 30 janvier occasionnera de nombreux dégâts dans les régénérations.

De 1949 à 1951 :

routes obstruées lors de la ventouse du 4 février et de l’ouragan du 14 mars 1951.

Décembre 1952 :

après le dégel les arbres tombent jusqu’en début 1953.

1955 et printemps 1958,

de février à mai, des chablis tombent en nombre.

11 mars 1963 et en 1965,

les cyclones se succèdent emportant les hangars et les arbres.

• «Jamais vu pareille chose» notera l’agent technique Goenvec

En 1967,

c’est la catastrophe annoncée :

Du 7 janvier jusqu’au 14 février le sol enneigé emmagasine l’eau. En mars c’est sur un sol détrempé que la tempête se lève le dimanche 12 vers 17h 30.

« Dégâts à la maison forestière, les arbres tombent à la volée ! D’après les bruits entendus. Les vents soufflent à plus de 100 km/h sans arrêt, en pression constante. »

Les 12 et 13 mars : «La tempête fait rage. Les vents sont hurleurs, procédons au débarrage des routes; toutes sont barrées.»

Le 14 mars : « Recherche de bûcherons. Nombreux chablis au chêne Boppe, c’est un vrai désastre ».

Mais la pluie continuant en mai, le 25 c’est Ventouse II, le retour.

«La tempête se lève à 12h30 avec un maximum vers 13h 15 jusqu’à 17h 10. Les militaires sont en manœuvre et les routes à nouveau coupées. Les militaires participent au débarrage des routes jusqu’au lendemain (à 13h signature du PV de bien vivre (1) qu’ils ont bien mérité)».

(1) Ce PV démontrait à l’autorité militaire qu’il n’y avait eu aucun incident avec la troupe en forêt.

Ces désobstructions dureront ainsi jusqu’au 8 juin. Cette deuxième secouée a fait beaucoup d’autres dégâts en forêt. Au chêne Boppe c’est une véritable catastrophe.

13 octobre 1982,

dans l’après-midi vers 17h40, un ouragan d’une rare violence (tornade), ravage la forêt entre Laillé et Pruillé sur une bande de 100 à 200 m de large sur 5 km de long.

Des milliers de mètres-cubes de bois sont cassés et arrachés. «L’on aurait dit un train passant dans le jardin» relate Jean MANAC’H, aux Renardières.

Les morceaux d’une caravane stationnée à Laillé atterrissent près de chez lui aux Renardières. Le ciel s’est subitement obscurci de feuilles et de poussières.

Du 15 au 16 octobre 1987 :

un ouragan ravage tout l’ouest dans la nuit avec ses vents hurleurs.

3 février 1990 :

vers 11h un autre ouragan fait de gros dégâts en forêt. Au niveau de l’Hermitière, la route est arrachée par endroits.

Plus de 1500 chablis sont recensés sur un seul triage (quand on pense qu’il y en a cinq).

3 juin 1999 :

une mini tornade balaie l’ancienne trouée de 1982 et ravage les régénérations de la Chauvinière, du Souvenir et de Gaie-Mariée. Les arbres sont défibrés sur pied, la presse relate les faits. 

26 et 27 décembre 1999 :

80% de l’espace forestier Français est gravement atteint dans son intégrité par des vents de 90 à 200 km/h. Même les jeunes peuplements de pins, en première ligne des coups de boutoirs sont impactés.

25 à 30.000 m³ (l’équivalent d’une année de coupe) seront récoltés à Bercé qui pourtant se trouvait à chaque fois sur les franges de ces deux monstres.

Mais les tempêtes continueront … et le …

27 février 2010,

la tempête Xynthia souffle dans la nuit du samedi au dimanche matin. Fort heureusement les dégâts restent faibles par rapport à 1999: 1000 m3 environ.

Autres liens concernant les redoutables épreuves de la nature

Le feu

Les aléas climatiques

Les chemins de l’eau

Bibliographie :

Archives et vieux registres journaliers de l’administration
des Eaux et forêts, annotés par les préposés.

Le massif forestier de Bercé (Y. Gouchet - 2002) & Bercé, une forêt d’exception (Y. Gouchet - 2018)

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