DES SECRETS BIEN GARDÉS
Chevaux
Chevaux et mulets en forêt : Le cheval … tracteur de nos aïeux.
Par le passé, le brioleur était un transporteur qui enlevait les bois et fagots abattus par les bûcherons en forêt, et les acheminait chargés sur les bâts de ses chevaux à la lisière de la forêt où ils étaient mis en tas pour être ensuite chargés par les rouliers. Le barasseur (baudelier, voiturier ou roulier) transportait plus particulièrement les troncs d’arbres ou autres bois avec des bêtes de somme et les évacuait du massif.

Le garde veille au chargement
Voituriers, charretiers, fardiers, attelages, tous utilisent la plus belle conquête de l’homme, qui sera malheureusement, après-guerre, trop vite détrônée par le cheval-vapeur.
En 1905
On pouvait compter sur le massif de Bercé : 68 chevaux, 42 fardiers, 29 diables….

Exemple de bœufs en débardage dans une autre forêt
Au tout début, seule la traction animale était capable de sortir les bois de la forêt. Chevaux et charretiers formaient couples. L’homme pouvait tout aussi bien se servir des bœufs, bêtes de somme par excellence dont la toponymie célèbre la gloire dans le canton du Tertre aux Bœufs.

Le débardage à cheval et son voiturier
Mis en tas en bordure de chemin, les tas de bois, de fagots ou les grumes attendent ainsi d’être chargés par les rouliers qui les transportaient en ville ou sur les lieux de vente.
Nombreux au début du XXème siècle, les ateliers forestiers disparaissent complètement après-guerre, avec la conjonction de plusieurs facteurs. Vers les années 1850 le service forestier avait mis sur pied un vaste programme de construction de routes forestières qui ne fut que très partiellement réalisé.
Quelques années plus tard, le projet de construction d’une voie entre brette-les-pins et Château-du-Loir est à l’étude. Dès 1882 les premiers tramways à vapeur sillonnent le département, mais certains, dont celui qui passe en forêt fut bien vite déclaré inutile : la voie est déposée. Ce rêve (coûteux) n’aura duré que 13 petites années. Puis la fermeture de la ligne “le Mans/la Chartre” intervient en mars 1947.
En voici quelques témoignages recueillis auprès d’Henri Thénaisie le 1er février 1997.
Henri Thénaisie est né le 7 mai 1911 à Savigny- sur-Braye (Loir-et-Cher). La famille habite Le Ronceray (1923) puis La Roche, sur la commune de Saint-Vincent-du-Lorouër. Henri mène la vie rude et austère du paysan l’été et du débardeur l’hiver.
De 1933 à 1957, la famille demeure à Jupilles puis de 1957 à 1972 à Saint-Vincent. Frère de Roger (15 ans plus jeune), Henri a toujours vouvoyé son père. Il quitte l’école à 12 ans pour rejoindre son père au travail. Afin de protéger ses reins, il portera toujours bien ligotée une ceinture de flanelle. Clément son père, est charretier propriétaire.
En 1920 il avait un train de 4 chevaux et 2 limons, tout comme Raymond Legeay *qui savait moins bien y faire avec les chevaux *.
Durant l’hiver après les ventes de bois (ventes qui avaient lieu à la Salle des Concerts du Mans, jusqu’en 1979 puis à l’Abbaye de l’Épau par la suite), il aide son père à débarder puis transporter les arbres de la forêt à Chahaignes, au Lude, et à Château-du-Loir.
L’été les Thénaisie travaillent à la Ferme pour faire les foins et récolter l’avoine.
Le plus gros chêne qu’Henri ait ramené de forêt avec son père, c’était dans le Sault Moulin, avec le gros diable de chez Pasquier : 1,45 m de diamètre par 10 mètres de long.
On a eu du mal à passer les fossés, on emmenait ces arbres chez Vannier à Chahaignes, à Château-du-Loir par Vouvray (pour ne pas avoir de côtes) et au Lude.
De temps en temps on laissait des grumes au Guignier ou au Clocher, pour les reprendre le lendemain. Le long du trajet les chevaux buvaient dans les mares, qui étaient nettoyées tous les ans. Nous, on buvait du cidre et du café tous les jours, pas de vin en forêt. On mangeait la “routie” : pain grillé dans du cidre, du civet de lapin ou du jambon fumé voir… du cochon mais pas de légumes. Ça pouvait être encore des harengs sur le grill et du fromage.
Henri Thénaisie se souvient aussi avoir déménagé avec son père la scierie mobile à Ballion depuis le Lude jusqu’à Bercé (52 km) d’où elle ne repartira jamais.
Les transports en ces temps n’étaient pas aussi sûrs qu’aujourd’hui :
Maurice Vérité se souvient que son père allait au Mans avec un cheval,
il menait du merrain et ramenait des barriques. Sur Parigné-l’Évêque,
dans les sapins, un homme était monté pour l’attaquer.
…Il lui a tapé sur le bras avec une « tavelle »
(petite tringle de bois), pour l’en faire descendre.
Les bois de charpente et bois d’œuvre étaient chargés par les débardeurs sous un fardier (Voiture à roues très basses qui sert au transport de charges très lourdes), aussi appelé diable ou triqueballe, avec pour destination, la scierie ou la scierie mobile. André Ciret, né le 13 août 1921, avait pour débuter dans la profession neuf chevaux pour le débardage, couplés par quatre. Il passait la saison dans le balai avec toute l’équipe…André Ciret avait un profond respect de son métier et en parlait avec nostalgie à ses enfants.
Le 6 mai 1922
les premiers tracteurs font leur apparition sur le parterre des coupes. Après la première guerre mondiale, le cheval fiscal arrive sur le massif. Des démonstrations de tracteurs eurent lieu dans le canton du Sault Moulin (en régénération), devant les inspecteurs et préposés. Rappelons que le tracteur à moteur à pétrole est une invention française de 1849, que le tracteur à chenilles date de 1904 et que la formule diesel n’est apparue qu’en 1929.
Sont donc essayés à Bercé :
Le 20 mars 1931 : le tracteur à chenilles Caterpilar Le 17 avril 1931 : les tracteurs Renault et Lathil

17 avril 1931 essais du H1 Renault
Le 30 avril 1931 : essai du tracteur Citroën Suite à ces essais concluants, les marchands de bois virent tout de suite le profit qu’ils pourraient tirer du modernisme. Des charges plus lourdes tirées en un minimum de temps. C’est à court terme le glas de nos valeureuses bêtes de somme et de leurs charretiers.

Liste non exhaustive des charretiers avant 1935
Mais le progrès a du mal à s’imposer en 1939, car les tracteurs à chenillettes sont interdits par les forestiers de pénétrer en sous bois.
Tel est l’objet de la réponse suivante à une demande d’emploi d’un tracteur automobile de la part des établissements Paulin, adjudicataire de la coupe (article 71 de 1921). A cette époque, le trainage des bois n’est autorisé que dans les coupes d’éclaircie et encore…sous conditions :
Le tracteur camion ne devant pas rentrer sur le parterre de la coupe, l’indemnité correspondant au parcours sur la route forestière est donc seule à compter. En conséquence nous pensons qu’il y a lieu d’accorder l’autorisation demandée en adoptant le chiffre de 72 francs pour l’indemnité règlementaire à faire payer à l’adjudicataire comme les sommes mises en charge sur les coupes et comme supplément aux charges déjà imposées à l’affiche (Potel)
Vu les deux charretiers et le camion automobile de Mr Paulin. Le 31 juillet 1922, vu 5 m³ de pierres transportées route de la Guiltière du rond de Bel Air au rond de la Guiltière, pour la vidange des coupes au camion automobile.
La guerre de 1939-1945 arrive…
Les deux dernières guerres de 1870 et de 1914, ont enrôlé des milliers de chevaux héroïques, comme ici à la bataille du Mans.

La bataille du Mans avec le général Chanzy
Les chevaux et les hommes sont réquisitionnés
Les chevaux du 3ème groupement forestier pallieront l’absence des engins à moteur.
1939
La 15ème conservation devient le centre mobilisateur des bois de guerre n°15. Toute l’énergie de l’administration consiste alors dans la gestion du personnel, de la main d’œuvre, des scieries, mobilisables et réquisitionnables.
1940

Le gazo de la maison Valentin en 1940
Le “gazo” de la maison Valentin, sur la place de Chahaignes en 1940 (Émile vannier est photographié sur le pneu, à droite — Archives A. Vannier)
Dès 1928, on vente les mérites de la traction au bois, ainsi le garde Guiomard remet-il à St Vincent une affiche réclame pour l’exposition de bois et l’utilisation de gazogènes.
Le gazogène, c’était bien, mais ça n’avait pas la pêche de l’essence ou du diesel.
Cinquante chevaux provenant du groupement des travailleurs forestiers, avaient été répartis avant octobre, dans des exploitations agricoles de la région : à Chenu, à Saint-Germain-d’Arcé, à la Bruère et à Château-du-Loir pour la Sarthe, puis à Saint-Aubin pour l’Indre-et-Loire. Peltier et Poumerol, récupèrent les chevaux et le matériel du 3ème CMB (Centre militaire des bois) dans les communes riveraines.
Le 12 Octobre :
L’inspecteur des Eaux et forêts Viney, mandate le vétérinaire à Château-du-loir, monsieur Fefeu, afin de procéder à l’examen signalétique de ces animaux avant leur transfert vers les forêts de la Sarthe et de l’Eure-et-Loir.
Bon nombre d’agriculteurs, tel M. Sionneau (cultivateur à Château-du-Loir) écrivent au préfet afin de pouvoir conserver au moins 1 des 2 chevaux mis en dépôt. Mais l’inspecteur des forêts a trop de demandes. Il est dans l’obligation de rapatrier tous les chevaux de l’administration, quitte à en vendre à la boucherie ou à des brocanteurs de chevaux (maquignons, vendeurs de chevaux de réforme).
Fort heureusement, quelques cultivateurs ne se verront réclamer leurs chevaux qu’en octobre, après les moissons. Une demi-douzaine de chevaux travailleront ainsi à Bercé, plus ceux prêtés aux marchands et débardeurs, travaillant pour le 3ème groupement forestier.
En fin d’année, le sieur Bouzeau, logeant chez son beau-père, Plessis à Marigné est engagé comme charretier de l’administration des Eaux et forêts. Le salaire, longuement négocié, est finalement de 900 francs par mois, plus les assurances sociales et le fumier réservé pour régler le logement des chevaux chez son beau-père M. Plessis qui a été auxiliaire en forêt et qui jouit de l’estime générale selon le brigadier Poumerol. Les chevaux sont destinés au service des groupements de chômeurs ou de prisonniers, pour le transport, le ravitaillement, le débardage en forêt.
Ils sont placés gratuitement chez les marchands de bois ou les agriculteurs qui assurent ainsi leur subsistance et s’engagent éventuellement à effectuer les transports ou débardages réclamés par l’autorité forestière.
Le 5 décembre 1940 :
chevaux partent pour Senonches et Dreux, alors que le 22 octobre quatre chevaux étaient partis pour Perseigne avec matériel et harnachement : 1 charrette, 1 triqueballe, 1 chaîne de traits et 1 palonnier.
Un cheval part pour Sillé-le-Guillaume ce même jour.
1941
28 février :
Le garde Pie se rend à Saint-Germain-d’Arcé pour prendre livraison de 5 chevaux destinés à la forêt de Sillé et à M. Boucher à la Fesnaye (départ 9 h, retour 20 h.)
14 mars :
Le garde Pie s’en va prévenir M. Fertin à Écommoy que le cheval prêté par l’administration est à sa disposition aux Forges. En mars 1941, les stocks d’avoine manquent : 1 quintal par cheval.

Savoir entretenir son cheval de prêt
Liste des chevaux déclarés en mairie pour être ferrés et appartenant à l’administration. Forêt de Bercé 1ère et 2ème brigade : un par brigade
Allard Émile (Beaumont-Pied-de-bœuf) : 1 Carême Louis (à Jupilles) : 1
Lorsqu’un cheval tombe malade, on fait appel à un remplaçant en dépôt chez un particulier. 1942

Réquisition préfectorale des chevaux en 1942
(1) Mélarde : de l’Anjou au Vendômois, méteil de froment de mars et d’orge ou d’avoine que l’on consommait les années de disette, mais que l’on donnait surtout aux bestiaux (M. Lachiver, Dict. du monde rural, 1997)
Ainsi au gré des saisons et du travail, les chevaux passent de main en main. Le salaire du charretier Bouzeau lui, passe de 900 à 1000 francs.
En 1942
l’administration des forêts fait l’acquisition d’un tracteur et d’une débroussailleuse.
18 juin 1942 :
Le garde Thomas est en tournée dans les Profonds-Vaux et s’inquiète :
les bûcherons Ladurée et Le Hidou possèdent un abri couvert de tôles
ondulées qui semblent provenir du chantier de chômage.
Le 20 mars :
Nous assistons aux essais d’un tracteur à chenilles de marque Cartepillar et le 30 avril d’un tracteur Citroën. L’administration des forêts ne fera l’acquisition que 11 ans plus tard, d’un tracteur et d’une débroussailleuse.
La mécanisation est en marche…
1943

Les muletiers échappent au STO

Chevaux placés chez des particuliers
6 Avril 1943 :
Le garde Pie se rend à 14 h chez M. Allard à Luceau, pour l’inviter à conduire son cheval chez M. Lempereur à Écommoy. Parfois les mouvements de placement des chevaux sont fugitifs, erratiques et désinvoltes.

Réponse de la Veuve Guilbert 5 mai 1943
Mais l’administration est tatillonne …
elle veille, et retrouve bientôt les siens…
7 mai 1943 (Ordre de réquisition
signé de la main de Viney) :
Notre administration avait mis à votre disposition
un cheval pour les transports laitiers
(M. Louvain – Chenu – 72). Ayant appris que
vous aviez actuellement à votre disposition
un camion à gazogène, d'autre part ayant un
besoin absolument urgent d'un cheval, pour
des transports de bois de mine et des transports
de bois dans les scieries, je vous serais très
reconnaissant de bien vouloir remettre votre
cheval prêté, à la disposition de M. Allard
Henri à Luceau, dans le plus bref délai*
Jupilles le 10 mars 1945 :
Jules Guillem: Maréchal ferrant & forgeron de l’administration, habitant à Marigné-Laillé Sarthe, reconnaît avoir reçu de Monsieur Poumerol René, brigadier des Forêts à Jupilles (Sarthe) cent kilogrammes de fer à cheval et quatre kilos de clous pour assurer le ferrage du cheval de l’administration. Signé : Guillem
À la fin de la guerre les Allemands fuyaient comme ils pouvaient, les pauvres. Ils allaient à bicyclette, à cheval. On avait intérêt à cacher les vélos. Avant qu’ils arrivent, on a mené nos chevaux dans la vallée et les y avons cachés : ils n’ont pas été pris. Les Allemands avaient pris un cheval sur le bord de la route. C’était un cheval entier appartenant au père Roullin de Jupilles. Il a été retrouvé à Courdemanche dans une ferme, chez des cousins. Ils n’ont jamais pu l’enlever, car il y avait des juments dans la ferme et il était entier. Alors ils l’avaient attaché à un arbre. En forêt, les chevaux ont travaillé bien après la guerre, il ne restait plus d’ailleurs que les vieux chevaux menés par Weber et Bellanger qui ont tiré du bois en dernier sur Jupilles. Les débardeurs achetaient les chevaux intraitables, ils arrivaient à les mater pour le travail.
Témoignage de Claudette et Adrien Borderon (Jupilles)
1946
Le 25 mars 1946,
le charretier Bouzeau cessera son travail, le jour où le service de l’enregistrement aura déclaré un nouvel acquéreur et la prise de possession du cheval.

Un transport exceptionnel en 1946
1954
Georges Morançais, de Jupilles effectue des semis de pins à l’aide de sa jument pour le compte de l’administration.
Quelques autres débardeurs à l’époque :
Louis Brûlon – Chanteau – Adeline Monchâtre - Breton – Paul Brûlon (d’abord avec des chevaux, puis le vieux tracteur « Lens ») - Fresneau (de la Chartre-sur-le-Loir avec ses chevaux).
Adeline qui a repris le tracteur à Ober, de Beaumont. « C’est lui qui en fêtant ses 60 ans à Pruillé, s’était renversé avec son tracteur ». (Témoignage de Gustave Herpin de Saint-Vincent). Bellanger, charretier, emmenait ses billes avec son diable et ses chevaux jusqu’au Mans.
Cette liste n’est pas exhaustive.

Crochetage par place à la houe parcelle c3 Hirondelles – Photos Calvel

Leroux en crochetage du sol P D3 Série 4 en 1955

Travaux forestiers en 1956
Rouliers & débardeurs
…voituriers - transporteurs
Au sortir de la première guerre mondiale, on pouvait voir cette petite annonce du 11 octobre 1923 :
En 1938, le débardage des “grumes et étais” était payé : 20f/m3 réel en ensemencement - 10f/m3 réel en éclaircie. En 1929, les grumiers remplaçant progressivement les charretiers, les voies de vidange sortant de la forêt, et plus particulièrement les chemins ruraux sont soumis à rude épreuve.

Un grumier de chez Brulon

Le progrès en marche
Le mauvais temps : ennemi des transporteurs …
L’inspecteur Potel signale le 23 mars 1929 :
Je dois en effet ajouter que si pendant cette toute récente période, certaines routes ont été défoncées par les transports, la faute en incombe aux marchands de bois qui pour ne pas troubler les convenances de leur commerce, n’ont pas eu la sagesse d’attendre la fin du dégel avant de faire ou laisser faire, par leur camions, des transports de poids très lourds, transports cependant interdits par un arrêté préfectoral pendant 8 jours (période trop courte) et que les dégradations dont il s’agit ont été faites également sur nos routes forestières ou sur les chemins publics traités comme elles, c’est-à-dire entretenus par nous. Telle est la situation actuelle, tout au moins en forêt de Bercé ou les travaux de remise en état sont en cours d’exécution …à nos frais. Dans ces conditions, la demande dont il s’agit nous semble devoir être rejetée.
L’exploitation forestière Millerand-David possède quant à elle, un tracteur à chenilles Caterpillar de 15 cv. Elle ne pourra s’en servir que dans l’article 28 (coupe en éclaircie), mais pas dans l’article 49 en régénération secondaire.
Sur ces questions de poids d’engins, l’administration est intransigeante. De gros engins sur des petits semis… cela ne passe pas encore.
Durant la guerre, le 28 juin 1941 Mr. Allard a prévenu que ses chevaux seraient à disposition de l’administration les 30 juin, 1er & 2 juillet.
En novembre 1944, des charretiers sont requis pour le débardage des grumes: Coutard, Cognard, Boulay, Bellanger (village de Haute-Perche).
Plus tard, (main de fer dans un gant de velours) Lorne écrira en juillet 1954 : Appliquer scrupuleusement les clauses du cahier affiche, mais il ne faut pas pour autant donner aux adjudicataires, qui sont nos clients, l’impression que nous cherchons à les brimer systématiquement, mais agir au contraire à leur égard en bons commerçants qui savent ménager leur clientèle….
16 mars 1955 démonstration d’engins motorisés en forêt. C’est la fin de toute une époque.
En forêt,il n’y a plus d’ateliers sur les coupes.
En réalité le service forestier souhaite que l’implantation des scieries soit réalisée à la périphérie du massif, car les gazogènes, assurant la production de vapeur étaient par sécurité devenus bientôt indésirables en forêt.
Ainsi la scierie Bignon sur Jupilles qui utilisait un moteur à vapeur en est un bon exemple. Elle a pris feu au ras du moulin dans la vallée du Dinan, moulin ayant appartenu au Prince Charles de Beauveau.
Par ailleurs, des camions grumiers et des tracteurs forestiers étaient apparus avec leurs remorques dont l’emploi se révélait plus souple et plus avantageux que la voie ferrée ou le cheval. Le bois chargé au cœur même de la forêt pouvait être acheminé directement, sans autre manutention, en scierie.
Ces considérations ont amené l’administration forestière à boucler la réalisation du programme de développement routier.
Le transport, bénéficiant de l’amélioration des infrastructures routières et de l’ouverture des pistes forestières, va aussi suivre cette tendance avec les premiers grumiers à câble : grumier Labourier fabriqué à Mouchard (Jura) et camions GMC des surplus américains, légers et maniables.
Par suite, le goudronnage, proposé par Calvel, arrivé dés 1953 de la Région parisienne, avec une couleur rose caractéristique des forêts d’Ile de France. Cela deviendra chose courante.
La route c’est aussi les accidents :
Un cultivateur est broyé par un camion …..
Ouest Eclair du 26 juillet 1934
M. Auguste Chantoiseau, 58 ans,
cultivateur à Marigné,
rentrait à son domicile mardi soir,
conduisant un attelage tirant une
tonne d'eau. En cours de route,
il fut surpris par un camion de
la scierie Berger de Marigné,
conduit par le chauffeur de
l'entreprise. M. Chantoiseau,
pour se ranger, rentra dans un
chemin qui présente une grande
déclivité, mais le cheval,
au lieu d'avancer, se mit à
reculer si bien que les deux
véhicules se rencontrèrent.
Par suite du choc, M. Chantoiseau
fut projeté sur la chaussée et
broyé par le camion qui était
chargé de grume à plus de 12 tonnes.
La gendarmerie enquête….
Le père Ranvoisé débardait ce 8 novembre 1968, au rond de Bercé, des poteaux de téléphone avec son «Farmal». Soudain la tige du volant lui est rentrée dans le thorax. Drouault, Raymond Désœuvre, et moi-même on l’a descendu, et emmené comme on a pu. On a reculé la banquette droite de la voiture et on l’a fait causer jusqu’à Saint-Hubert. Puis après…il ne bougeait plus, c’était fini ! On a averti sa femme. Avec Michel Garnier, on l’a monté dans l’ambulance. Sa fille avait 17 ans. C’était un gars de Beaumont-Pied-de-Bœuf, il était âgé de 57 ans, costaud, et possédait un gros cheval. (Herpin Gustave)

Pierre Hérisson et son tracteur Same en juillet 1975
Il y a eu au plus fort de l’emploi “moderne” deux chauffeurs de tracteurs : Pierre Hérisson et Narcisse Manceau.

La fin du cheval et la fin d’une époque
De nos jours :
La tire des bois se veut plus respectueuse des sols. Le cablage est actuellement une bonne opportunité… mais plus onéreuse.
Tel ce reportage de 2022 du
Petit Courrier L’Écho de la vallée du Loir
Autres liens concernant les moyens d’exploitation de Bercé
Bibliographie :
Revue Au Fil du Temps N° 26 & 27 - Pages diverses (Y. Gouchet - 12 -2004 & 03 -2005)