DES SECRETS BIEN GARDÉS
Le fer
A propos
Au secondaire
La région est sous les eaux. C’est la pleine époque du Cénomanien, les sables et argiles se déposent.
Au tertiaire
Retrait des océans, soulèvement des sols, érosion…, l’eau chargée d’oxydes de fer s’infiltre et se décante de sa matière minérale dans les sables et argiles, en bancs irréguliers et discontinus.
La forme et le fond :
Tout désignait Bercé pour l’exploitation du fer. Dans les profondeurs du massif forestier, en forme de “fer à cheval”, des excavations, des monticules, des talus sans fin, témoignent de l’entreprise et de la sagacité des hommes.
Des buttes de tir, des trous de bombes, deux anciennes fermes phagocytées, des puits, une ligne de tramway, des emplacements de scieries mobiles, des marques par millier sur les arbres, tout un paysage organisé……..
Lors de la baisse des océans, qui a généré les vallées, causant au passage le lessivage de ses sols, Bercé est colonisé par l’homme.
la présence de l’homme est omniprésente dans cette forêt cathédrale.
Son plateau est un excellent choix pour une première installation. Son épaisseur de limon, (sauf dans les vallées) offre à l’homme de bonnes perspectives de récolte.
Mon scénario
Les récentes découvertes paléo métallurgiques sur le tracé sud de l’A 28, confortées par la carte des sites forestiers en Bercé et du potentiel minier autour du massif, bouleversent les connaissances acquises jusqu’à présent sur le sujet, où seul le nord de la Sarthe apparaissait dans le paysage minier.
Car l’homme en creusant ses mares, y a découvert le minerai.
En creusant ses mares, l’homme, curieux de nature, avise ces petits nodules résistants et commence à les extraire. Ce matériau de surface que l’on rencontre jusqu’à 7 m de profondeur, permettra de favoriser l’essor économique de notre région jusqu’à l’aube du XX° Siècle (un moulin à fer est relaté vers 1583 dans le « Vau du Puy »). (1)
Un lieu-dit les forges existe entre Marigné et Laillé.
Le fond, ou plutôt le “tréfonds” de Bercé a procuré très tôt à l’homme le minerai nécessaire à son exploitation.
Les mares ne suffisant plus, il creusera des puits, au grand dam de l’espace forestier.
Mais bien vite après des millénaires d’exploitation, les rendements agricoles chutent, faute d’amendements. Il a fallu regagner les pentes, laisser la forêt regagner le plateau et brûler le jeune bois de ces parcelles forestières car les cendres contiennent la potasse nécessaire à l’enrichissement des sols. Plus tard au 19ème siècle, l’homme creusera des puits pour en extraire la marne qui sera épendue dans les champs.
Bercé, aujourd’hui est très échancrée par endroit, la population croissant et l’homme recherchant à accroître ses surfaces pour nourrir ses enfants.
Extraction du minerai
Les livres sont restés muets….mais la forêt raconte..
Contrairement au sol agricole qui, enfouit et ré-enfouit tout objet, le sol forestier, immuable, garde gravé en sa mémoire, toutes traces du passé. Ainsi pouvons-nous observer dans les parcelles 55-57, 127-145,176-177, ce que l’on pourrait appeler les plus grands carreaux miniers de Bercé.
Ces traces de l’activité humaine, liées à l’extraction du précieux minerai, peuvent tout aussi bien être isolées. On parle alors de mortiers ou trous d’extraction qui, en général, annoncent à proximité la présence d’un ferrier (ou dépôt de scories) et de ses fours (3).
Ne perdez pas votre temps à rechercher du minerai en ces lieux, sauf peut-être dans une culée d’arbre arrachée, vous n’en trouverez pas, tout a été méticuleusement nettoyé par nos ancêtres les Gaulois.
Un premier tri était généralement effectué dans les galeries situées en fond de puits. (2)
Le minerai était ensuite acheminé à dos d’homme ou de monture jusqu’à l’atelier de réduction le plus proche.
La loupe de minerai était, une fois extraite de sa gangue était travaillée par les forgerons à proximité …à la forge.
Petite animation sur l’exploitation du fer
De nos jours, en scrutant les déchets métalliques des ferriers sur le sol forestier, on peut percevoir encore 47% de fer à récupérer.
Car à la différence des Hauts-fourneaux,
(postérieurs au XVème siècle)
les bas-fourneaux (3)
(ceux du premier âge du fer au haut moyen-âge)
dont la température ne dépasse pas 1500°,
n'arrivent pas à extraire tout le métal du minerai.
Pénétrant en sous-bois, vos yeux capteront peut-être l’une de ces buttes de matériau qui dénote l’artificiel. Là, sous vos pas, un sol résistant et des craquements particuliers vous signaleront la présence de mâchefer.
Avec émoi, vous côtoierez l’histoire « avec un grand “H ». On le ressent particulièrement ici, la première des richesses de la forêt de Bercé, fut bien de procurer le fer nécessaire à sa propre exploitation.
Vous vous retrouvez ainsi à l’époque où Celtes puis Gallo-Romains ne maîtrisent pas encore toutes les étapes de la métallurgie. Faire du fer…. c’est dur !
Fabrication du charbon de bois
Le charbon de terre n’était pas encore connu, mais l’homme savait fabriquer le charbon de bois qui lui servait de combustible. Et il lui en fallait beaucoup pour extraire le précieux métal. La forêt à cette époque n’avait qu’à bien se tenir…
Les déboisements systématiques portaient sur des brins de taillis de chênes âgés d’à peine trente ans.
Un cercle vicieux est ainsi enclenché, prémices de la loi de l’offre et de la demande.
L’homme fabrique des outils pour abattre des arbres en plus grande quantité et faire face à une demande agricole en plein bouleversement. Pensez-donc, les haches en fer sont beaucoup plus résistantes que celles de pierre ou de bronze. Et la charrue…. quelle différence avec l’ancien araire en bois !
Les Celtes avancent et la forêt recule sous les coups répétés des bûcherons qui alimentent les charbonnières. Au Moyen-âge se dessinent les contours que nous lui connaissons aujourd’hui.
Fort heureusement il n’y eut pas à Bercé de haut-fourneau comme en forêt de Tronçais par exemple.
Une sidérurgie ancienne : Les ferriers
La réduction du minerai et sa transformation en métal se faisaient donc dans des bas-fourneaux à évents, dits fours à scories coulées (2) ou “forges à bras” car les soufflets en peau nécessitaient la force musculaire.
Ces fours étaient chargés en lits successifs de minerai préalablement grillé et concassé et de charbon de bois.
Les déchets ou scories étaient éparpillés régulièrement autour des fours, on les nomme : ferriers.
La loupe de fer obtenue était ensuite épurée sur place (2) avant d’être travaillée en forge
Aucune forge digne de ce nom n’est présente dans l’état actuel de nos connaissances en forêt même.
Le travail du métal, ou forge, se faisait donc en dehors de la forêt. Au Moyen-âge, la forge est synonyme de puissance.
Les fiefs en prennent possession. De gros centres de transformation, tel celui du canton dit « des Forges » sur Jupilles, existaient, si l’on en croit l’aveu rapporté par l’érudit Sarthois Henri Roquet. Celui-ci parle de « forge grossière » fonctionnant dans la forêt de Bercé en 1408, ce qui en ferait à cette date (et de très loin !), nous dit François Dornic (4), la toute première grosse forge de l’ouest.
En forêt, une trentaine de parcelles feuillues, possèdent pour certaines, plusieurs ateliers de réduction, tous situés à une altitude moyenne de 154 m. Néanmoins, l’on décèle dans les champs alentours, lors des labours, de vastes taches noires trahissant l’emplacement d’anciens ateliers et dessinant par là-même, les contours de l’antique forêt Cénomane.
Concrètement … là encore le profane n’y voit que du feu !
Mais aiguisez votre regard, affûtez vos sens et là l’invisible … devient évidence.
Ce monticule, cette petite butte de terre ocre à noire,
chargée de pierres à éclats métalliques vous évoque tout de suite
la présence d’un dépôt de mâchefer et de ses fourneaux,
vieux peut-être de 2400 ans,
(c’est la Protohistoire…, l’âge des métaux).
Forges Sarthoises, par Jeanne Dufour
La “mémoire” nous joue des tours.
Quand bien même il s’agit de la mémoire collective, nos générations futures en perdront le fil du temps, si nous ne consignons pas nos découvertes.
Le 4 décembre 1926 (5), une demande parvient au Mans, à l’inspection des Eaux et forêts, d’un industriel qui désire être autorisé à faire des sondages dans la forêt de Bercé, en vue de récupérer des scories de minerai de fer provenant d’exploitations romaines.
Elles contiendraient en effet encore 47% de fer !
Réponse du brigadier Albrecht le 11 décembre 1926 :
«Il m’est impossible de savoir à quelle époque remontent les sondages dans la parcelle B4 de la 7ème série (P.145). Je ne puis avoir aucun renseignement à ce sujet dans la région, et rien ne prouve que les trous dans la parcelle B4 (145) soient des sondages, d’autant plus que dans cette partie l’on ne trouve pas de scories à la surface du sol. Il y a peut-être du minerai de fer, mais je ne pense pas qu’il y ait des scories dans cette partie de la Forêt !!!» ……
Les scories furent effectivement exploitées par les Aciéries de Lorraine en 1926 et en 1927, au lieu-dit “Les Forges” sur Jupilles, hors forêt. Payées 2f50 la tonne expédiée, elles étaient acheminées par les voituriers jusqu’au chemin de fer à Mayet.
« L’exploitation des déchets de Forges était le fait de Serbes qui le dimanche faisaient des fêtes. » (C. & A. Borderon).
Ainsi en Bercé, les forestiers se succédaient-ils peut-être trop rapidement, conservant par-devers eux leurs observations sans prendre le temps de les transmettre aux suivants.
Et pourtant en 1843 . . .
A peine un siècle auparavant, l’aménagiste de Bercé, notait en résumé :
«… En forêt … il ne s’y fait pas d’extraction de minerai, cependant à une époque reculée, il fut extrait une grande quantité de minerai de fer, si on juge par les excavations nombreuses que l’on remarque à la surface du sol de plusieurs cantons et notamment de celui des Forges. On voit également des amas considérables de scories de fer sur plusieurs points et notamment au canton de “Croix-Marconnay”.» (5)
Des maisons se sont construites sur des buttes de mâchefer :
La Butte Fouquereau (Marigné) et la Butte (Jupilles). Plusieurs étables autour de la forêt ont été assainies avec du mâchefer pour en évacuer l’humidité : Bercé (Marigné).
Des routes ou voies forestières
ont bénéficié de ce matériau miracle, tout d’abord involontairement sur le CD 63 au niveau de la parcelle 262 et sur la route de la vallée des Pierres, parcelle 217 car ces routes traversent en leur milieu une butte de mâchefer, puis de façon pratique sur l’allée de la “Litonnière” créée vers les années 1900, dite « Allée du mâchefer ». Les Romains eux-mêmes, à l’époque, étalaient les scories sur leurs voies.
La Toponymie
est un guide précieux de ce passé « métallurgique »: Le Mineray (St.Mars), le Minerai (Pruillé), les Minerais (Le Grand-Lucé), les Forges (Jupilles, Marigné), La Butte (Jupilles, Marigné), La Ferrière (Jupilles), le Champ Rouge (Villaines-sous-Lucé).
Circulation du fer sous toutes ses formes
Datation des ateliers :
Les fouilles effectuées durant les années 1996 à 1998, dans la partie Sarthoise du tracé de l’A28 ont permis d’effectuer des sondages et de dater les différents fours rencontrés et la complexité de leur établissement.
Il ne fut pas difficile de faire venir ces archéologues dans notre belle forêt voisine de ces sondages.
Ce qui nous a permis de confronter nos découvertes et surtout de nous rendre compte de leur antériorité à notre calendrier chrétien.
Hors les territoires traversés par l’A28 ou couverts par la forêt de Bercé, l’importance qu’a pu avoir l’industrie du fer avant l’an Mil reste un sujet pratiquement inexploré. Ce constat, de l’aveu même des archéologues, laisse cependant entrevoir l’ampleur de ce qui reste à faire….. Même pour nous… les découvreurs occasionnels !
Avant 2013.
Aucune étude n’avait été entreprise sur Bercé. Mais à la vue des échantillons prélevés par l’AFAN (2) et le SRA (6) fin 1999 sur le site, nous pouvions allègrement emboîter le pas des archéologues et faire le rapprochement avec les sites étudiés dans le sud de la Sarthe, entre Changé et Ecommoy, sur l’emprise de l’A28 (2).
La datation carbone 14, évaluait pour ces exploitations minières souterraines, une période allant de 400 ans avant JC (La Tène: 2ème âge du fer) jusqu’à l’époque médiévale grâce au traceur radioactif 14C sur charbon de bois.
En 2013
Morgan Choplin (7) encadré par Cécile Le Carlier de Veslud (ingénieure d’étude CNRS) étudie quelques ferriers en forêt de Bercé, ceci afin d’en dater la période d’exploitation.
Laissons à Morgan Choplin le soin d’étayer son étude :
Métallurgie en forêt de Bercé 2014
« Les prospections menées en l’année 2013 sur les ateliers sidérurgiques du massif de Bercé s’inscrivent dans le cadre d’un master recherche en archéologie préparé à l’Université de Rennes 2. Ces recherches ont pour but l’étude de tous les vestiges liés à la production métallurgique sans discrimination chronologique dans et aux abords du massif. »
La sidérurgie en Sarthe est attestée au moins jusqu’à la fin du Moyen-âge malgré un ralentissement très net perçu au travers des découvertes archéologiques.
« Cette abondance de vestiges liés à l’extraction et à la transformation du minerai de fer, fait état de mentions dès le temps des érudits y compris aux abords de Bercé. Dès le début du XXe siècle, Ambroise Ledru mentionne des amas de scories en précisant de façon très exacte que « les uns sont du Moyen-âge et certains remontent à l’époque gallo-romaine » (Ledru 1911). » « Le travail d’Antoine Guicheteau (2007) a consisté en l’étude des archives médiévales à partir du cartulaire de Château-du-Loir. Cette étude apporte de précieuses informations sur le contrôle et la gestion des activités forestières, la sidérurgie comprise. Bien qu’il ne permette pas une datation exacte des différents ateliers ou zones d’extraction, le travail d’Antoine Guicheteau permet néanmoins d’éclaircir ou d’affiner certaines hypothèses. Ainsi nous apprenons qu’un droit de minage est présent en Bercé depuis le XIe siècle au moins ou encore que les revenus de cette activité revenaient directement au baron de Château-du-Loir en sa qualité de propriétaire du sol. » « La datation des ferriers permettrait également de réaliser le lien entre les productions du massif et les sites alentours dont certains pourraient avoir un rôle dans le contrôle de l’activité sidérurgique.» « Il y a de cela un an, seuls deux ateliers étaient datés dont un seul avec certitude. Il s’agit de la Ferrière à Jupilles daté du XIe siècle. La datation de ce site est due à une récupération de scories entre 1926-1927 par une société de Lorraine. A cette occasion quatre deniers d’Herbert Eveillechien, comte du Maine de 1015 à 1035/1038, ont été découverts. Ces monnaies bien que disparues maintenant attestent d’une sidérurgie médiévale aux abords immédiat de Bercé. Le bourg de la ferrière est d’ailleurs mentionné vers 1100 et serait probablement lié à l’activité métallurgique (Guicheteau 2007). L’autre atelier se situe sur la parcelle forestière 189 et est attribué à la période romaine grâce à la découverte d’un col de cruche (Ier-IIIe siècles) ». « A ces éléments de datation s’ajoutent d’autres découvertes. Les prospections menées en 2013 ont permis la mise au jour d’une dizaine de céramiques, terres cuites architecturales ainsi que d’un silex du Néolithique ancien ou moyen.»
Ces éléments ont permis une datation relative de plusieurs sites.
« Les sites n’ayant livré aucun vestige hors sidérurgie, leur datation est supputée par rapport à la typologie des scories établie pour le massif, ainsi que par la prise en compte des caractéristiques des différents ferriers comparées à des observations menées sur d’autres espaces de production. Par exemple la couleur de la terre semble être un bon indicateur. Ainsi la période Gallo-Romaine est souvent marquée par des terres argileuses et rubéfiées ». A partir du IVe siècle nous observons des terres souvent noires et charbonneuses. »
En mars 2013,
la campagne de télédétection par laser aéroporté (LIDAR) opérée par la DRAC au dessus du massif de Bercé, a permis d’affiner le niveau des découvertes archéologiques sur l’ensemble du massif.
Compte rendu Le Jeune-Dardignac-David-2017
Les prospections au sol entreprises en fin d’année 2014 conjointement par l’O.N.F. et la DRAC ont conforté valablement ces résultats. Les résultats sont conformes à ce genre de télédétection et laissent présager d’importantes découvertes à venir.
« Les scories en plaquettes, laitiers, scories bulleuses et à cordons vacuolaires, scories à cordons denses, céramiques, sont autant d’indices pouvant à terme dater précisément les dépôts anciens. Il semble que la topographie, à Bercé, ait joué un rôle secondaire. L’implantation des ferriers ne répond à aucune logique liée à ce critère. La localisation précise et la datation des sites permettraient de mieux cerner cette implantation et ces évolutions. Les ateliers médiévaux pourraient être situés dans des rentrants de défrichement liés à leur exploitation. Les anciens sidérurgistes auraient cherché à se rapprocher des zones suffisamment boisées pour un important charbonnage. Cette hypothèse part du principe que la sidérurgie ait entraîné une gestion forestière dès les périodes anciennes (Antiquité ?). Cependant la validation de cette hypothèse nécessiterait la datation des sites de réduction mais également des aires de charbonnage pour l’ensemble du massif… ».
L’apport des analyses en laboratoire.
« Trois sites de réduction peuvent déjà être rattachés à la période antique, il s’agit du ferrier de la parcelle 189 à Saint-Vincent-du-Lorouër ainsi que du ferrier de la parcelle forestière 38 à Marigné-Laillé.
L’un des deux ferriers des Forges à Marigné pourrait également correspondre à cette période. Mais s’agissant d’un site en champ labouré le mobilier découvert peut tout aussi bien provenir d’une occupation antérieure ou postérieure sans lien directe avec l’activité sidérurgique.
A cela, s’ajoutent de nombreux sites pour lesquels nous ne pouvons émettre que des hypothèses basées sur les typologies. Nous avons également pu dater l’un des ferriers de la parcelle 132 qui comporte cinq ferriers et un épandage de laitiers, grâce à une datation par carbone 14 réalisée à l’Université de Laval au Canada. Le site en question (F1), est composé de scories en cordons denses fragmentés ainsi que de plaquettes de petites dimensions mélangées dans une terre relativement charbonneuse. »
« Enfin nous pouvons rattacher plusieurs sites de réduction à la période médiévale : le ferrier des Forges à Jupilles, grâce à la découverte de monnaies du XIe siècle, ainsi que celui du même nom à Marigné-Laillé où plusieurs céramiques et terres cuites architecturales ont été découvertes. Nous complétons ces datations par des hypothèses en lien avec les typologies de scories existantes et en confrontant études de terrain et archives. Nous supposons par exemple la présence d’un ferrier du haut Moyen Âge dans la parcelle 174 en fonction de ces critères ou encore deux autres du Moyen Âge central à Pruillé-l’Eguillé. »
« Il serait intéressant de pouvoir dater ces sites d’extraction afin de déterminer s’ils correspondent à une ou plusieurs phases d’occupation. D’éventuelles datations pourraient être pratiquées par C14 lors de sondages, en raison de la présence probable de charbons. Se pose alors le problème de l’extraction à la période gallo-romaine. En effet par le nombre d’ateliers supposés et leur superficie, la sidérurgie antique apparaît nettement supérieure en termes de production à celle de la période médiévale. L’hypothèse actuellement défendue serait celle d’une réoccupation médiévale des zones d’extractions antiques, peut être en raison de la qualité du minerai. »
Conclusions :
Se faisant discrets, sous leur manteau de feuilles ou au plus profond du labour, les ferriers ont su nous parvenir intacts.
Ensemble protégeons ce patrimoine pour que la mémoire perdure. Il est intéressant de constater que sur Bercé, l’occupation humaine s’effectuera au fil du temps toujours aux mêmes endroits. Les ferriers seront ainsi englobés au sein d’enclos pâturés ou cultivés. Avouez que pour nos valeureux Gaulois, cette exploitation du minerai de fer, par l’importance des différents sondages et des haldes de mâchefer produits, fut pour eux…un vrai travail de Romain !!!
D’autant plus qu’il n’y avait en forêt que de mauvais sentiers, car les chemins ne furent percés que fin XVIIIème siècle !
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Origines géologiques et historiques de Bercé
Bibliographie :
(1) Archives du Cogner […] Série E - 1-144, p. 153.
(2) AFAN : Association des Fouilles Archéologiques Nationales (Coordinatrice C.Thooris) travail de l’équipe 09/97 " La Paléo métallurgie sur l’A28 - L’Archéologue n° 35 Avril-Mai 1998 (carnet de fouilles)
(3) La métallurgie du Maine, de l’âge du fer au milieu du XXème siècle. Monum, Éditions du patrimoine.
(4) Le Fer contre la Forêt – (1984) aux Editions Ouest-France
(5) Archives de l’Office national des forêts : Procès-verbal d’aménagement de la forêt de bercé de 1843
(6) S.R.A : - Service Régional de l’Archéologie, (Direction Régionale des Affaires culturelles).
(7) Rapport d’opération programmée du S.R.A. Prospection thématique - Année 2013 -La sidérurgie en forêt de Bercé (Sarthe). Morgan Choplin encadré par Cécile Le Carlier de Veslud (C.N.R.S.)
Sur le même sujet :
La Métallurgie du Maine : Belhoste J-F, Robineau E (dir.), Baptiste G, La métallurgie du Maine: De l’âge du fer au milieu du XXe siècle, Cahiers du Patrimoine, Paris, Service de l’Inventaire, Ministère de la Culture et de la Communication, 2003. CD-Rom à voir absolument: L’Archéologie du Fer (Découvertes paléo métallurgiques sur le tracé de l’A 28 - B. Multimédia)
la forêt de Bercé…ou c’te Forêt Joël Picard (1994) Club d’Histoire Locale Jean Benoit.
Revue Au Fil du Temps n° 6 & 8 du 30 juin 2000 - Pages diverses (Y. Gouchet)
L’Or Vert de la Sarthe aux éditions de la Reinette (2007 - Traces - Yves Gouchet )